Maki Catta

Fiche Information

Nom scientifique : Lemur catta

Mode de vie : Groupe dirigé par une femelle

Milieu : Forêt et savane arbustive

Taille : Environ 40 cm de long

Longévité : 20 à 25 ans

Maturité sexuelle : 2 à 3 ans

Gestation : 4 à 4,5 mois

Reproduction : Entre avril et juin

Poids moyen : 2,3 à 3,5 kg en moyenne

Nourriture : Omnivore à tendance frugivore

Statut de conservation :
NT

Répartition géographique

Description

Le maki catta ou lémur catta est un membre de l’ordre des Primates. A ce titre, il possède :
– des yeux dirigés vers l’avant et permettant une vision binoculaire ;
– des membres à 5 doigts terminés généralement par un ongle plat ;
– des mains préhensiles avec les pouces opposables.

Il fait partie du sous-ordre des Prosimiens (pré-singes) ou Strepsirrhiniens (primates à narines sinueuses). Il n’est donc pas un singe (ou Simien) et s’en différencie par :
– une face allongée en museau ;
– la présence d’un rhinarium, c’est-à-dire une truffe sans poils, humide, à narines fendues donnant sur une lèvre supérieure fendue également ;
– la présence d’un peigne dentaire.

Il appartient à la famille des Lémuridés, tout comme les varis, les hapalémurs et les lémurs noirs. Il est cependant le seul représentant de son genre (Lemur).

Comme tous les lémuriens, il n’est naturellement présent que sur l’île de Madagascar. Les lémuriens que l’on trouve ailleurs (îles de Mayotte et des Comores) ont été importés il y a des siècles par l’Homme. Les ancêtres des lémuriens ont quitté l’Afrique il y a 62 millions d’années pour arriver à Madagascar par l’intermédiaire de branchages entraînés par le courant. Ils ont pu exploiter toutes les ressources de ce nouveau milieu sans y rencontrer de grands prédateurs tels que les panthères ou les lions, ni de concurrents plus performants qui auraient pu les supplanter. Ils ont ainsi pu évoluer différemment des primates restés sur le continent et se diversifier en plus d’une centaine d’espèces.

Le Saviez-vous ?

- Les lémuriens doivent leur nom aux «Lémures» ou fantômes de la mythologie romaine. Carl von Linné (naturaliste suédois à l’origine de la taxinomie moderne) leur a donné ce nom à cause de leur vie nocturne, de leurs grands yeux clairs et de leurs cris parfois proches de ceux des humains. De plus, dans les légendes malgaches, ils sont considérés comme les âmes des ancêtres.

- Espèce endémique de l’île connue de tous, elle a été choisie comme logo par Madagascar National Parks, l’association nationale qui gère les aires protégées de Madagascar.

Particularité

Caractéristiques morphologiques
- Longueur du corps : 38 à 46 cm.
- Longueur de la queue : 56 à 63 cm.
- Poids : 2,3 à 3,5 kg en moyenne

- Le maki catta est caractérisé par sa longue queue annelée, noire et blanche. Elle n’est pas préhensile mais l’animal l’utilise comme balancier lorsqu’il saute dans les arbres. Elle joue également un rôle important dans la communication visuelle et la cohésion du groupe.

- Son visage blanc présente des taches noires autour des yeux et sur le nez. Le reste de son pelage est de couleur gris-beige, avec une face ventrale blanche.

- Ses canines supérieures sont longues et incurvées. Elles sont plus développées chez le mâle. Les makis catta les utilisent pour entailler la peau de leur adversaire lors des combats.

- Sur sa mâchoire inférieure, les 4 incisives et les 2 canines sont allongées et orientées vers l’avant. Elles forment le peigne dentaire qui sert à récupérer la gomme des arbres dont il se nourrit, mais également à se toiletter ou toiletter ses congénères.

- Ses jambes longues et ses bras courts lui permettent de se déplacer avec aisance dans les arbres. Ses paumes et plantes sont nues et leur peau forme des crêtes qui améliorent l’adhérence à l’écorce des arbres.

- Une griffe de toilettage est présente sur le second doigt de pied. Le lémur l’utilise pour nettoyer les zones de son corps qu’il ne peut atteindre avec ses dents.

- Le maki catta possède un odorat très puissant grâce à son rhinarium développé et son museau allongé.

- Des glandes situées à divers endroits du corps produisent des sécrétions utilisées pour le marquage du territoire et la reconnaissance des individus entre autres. Certaines sont localisées au niveau de la région perianale (autour de l’anus) : pour marquer le maki catta va se mettre sur les pattes avant et va frotter son arrière-train sur les troncs ou les branches.
D’autres glandes sont présentes au niveau des avant-bras : ce sont les glandes anté-brachiales. Chez le mâle, un éperon en corne est associé à ces glandes. Il lui permet de scarifier ou griffer les troncs : les sécrétions glandulaires pénètrent plus en profondeur et le message est renforcé visuellement.
Le mâle possède des glandes supplémentaires en haut des bras, près du creux axillaire, ce sont les glandes brachiales.

Répartition géographique
Le maki catta est présent dans le sud et le sud-ouest de Madagascar.

Habitat
L’espèce fréquente les forêts galeries, les forêts humides de montagne, les forêts sèches, les fourrés épineux, ainsi que les savanes et canyons de l’île.

Régime alimentaire
Le maki catta est un omnivore à tendance végétarienne, il se nourrit principalement de feuilles, fleurs, fruits, bourgeons, écorces et sève… Il lui arrive de manger des insectes, des araignées et des petits vertébrés (oiseaux et caméléons).

A la saison sèche, sa ration se compose à 50% de fruits de tamarinier.

Généralement un groupe reste quelques jours auprès d’un arbre lorsque ses fruits sont en fin de maturation. Il se déplace ensuite vers un autre site de nourrissage. Par ce comportement, les lémurs jouent un rôle important dans la dispersion des graines et la vie d’une forêt.

Une journée chez les makis catta
Cette espèce est diurne, elle passe la nuit à se reposer dans les arbres. La troupe se scinde alors en petits groupes d’individus qui se blottissent les uns contre les autres pour conserver leur chaleur.
Le matin, au réveil, les lémurs se rassemblent pour prendre un long bain de soleil. On peut les observer assis bien droits, les pattes antérieures écartées, exposant ainsi les zones les moins poilues de leur corps (torse et ventre) aux rayons du soleil. Les nuits étant fraîches, ils se réchauffent ainsi avant de partir à la recherche de nourriture.
Ce sont les plus terrestres de tous les lémuriens, ils passent plus de 30% de leur temps au sol et lorsque la troupe se déplace elle le fait principalement par le sol.
Quand ils sont dans les arbres, ils exploitent plutôt les étages moyen et supérieur de la canopée.

Structure sociale
Cette espèce vit en groupe constitué de plusieurs mâles et femelles (10 à 25 individus). Ces dernières sont la plupart du temps apparentées. Généralement, 1 à 3 mâles centraux entretiennent des contacts privilégiés avec elles. En compagnie des femelles dominantes, ils dirigent les déplacements du groupe. Les autres mâles de la troupe restent plutôt en périphérie.

Une hiérarchie de dominance existe entre mâles et entre femelles, de plus les femelles dominent toujours les mâles.

Lorsqu’un groupe devient trop important ou lorsque les ressources alimentaires sont réduites, une troupe peut se scinder en groupes plus petits.

Les mâles quittent leur groupe natal à leur maturité sexuelle et migrent de troupe en troupe lors de la saison de reproduction. En général, 1/4 des mâles change de groupe à chaque fois, ce qui permet de limiter les risques de consanguinité.

La taille du territoire varie en fonction de l’habitat et des ressources alimentaires : 6 à 8 ha en forêt luxuriante et 15 à 25 ha en forêt épineuse. Les territoires de groupes voisins peuvent se chevaucher.

La protection et la défense d’un territoire passent tout d’abord par un marquage olfactif de ses limites. Les femelles déposent les sécrétions de leurs glandes anogénitales en se frottant sur les arbres et buissons. Les mâles quant à eux, griffent l’écorce avec l’éperon corné présent à leur poignet et imprègnent le bois des sécrétions de leurs glandes.

Ce sont les endroits les plus stratégiques qui sont ainsi marqués. Un clan qui se présente alors à ces «bornes» de marquage sait que le territoire est déjà occupé et va s’installer ailleurs.

S’il arrive que deux clans se rencontrent sur un même territoire, les individus chercheront dans un premier temps à s’intimider en se fixant du regard et en se redressant. Si cela ne suffit pas, les animaux se lanceront dans un combat bref avant de regagner le coeur de leur territoire. C’est à la femelle dominante qu’incombe la responsabilité de la défense de son territoire.

Par ailleurs, les femelles déposent également leur urine aux limites de leur territoire, là où les troupes voisines passent. Ce type de marquage est plus utilisé en saison de reproduction et leur permet de faire connaître leur statut reproducteur.

Les makis catta communiquent entre eux par divers modes :
- Ils utilisent un répertoire de plusieurs sons dont certains rappellent le miaulement du chat. Ces cris permettent de maintenir la cohésion au sein d’un groupe ou de défendre un territoire. Ils sont également utilisés pour prévenir la troupe de l’arrivée d’un prédateur, un cri différent est alors lancé selon que la menace vient du ciel ou du sol.
- Ils disposent de plusieurs mimiques faciales et postures pour exprimer leurs «émotions».
- Les odeurs sont également très utilisées par l’intermédiaire des sécrétions de leurs glandes.
- La communication tactile est importante entre la mère et son jeune, ou entre mâle et femelle. Les individus se toilettent les uns les autres et entretiennent ainsi la cohésion au sein de la troupe.

Reproduction
Cette espèce se reproduit une fois par an, entre avril et juin. Les naissances ont lieu en août et septembre, ainsi les jeunes sont sevrés au moment où les arbres sont recouverts de fruits mûrs.

- Durée de la gestation : 4 à 4,5 mois.
- Taille de la portée : 1 à 2 petits (rare).
- Sevrage du jeune : vers 5 mois.
- Maturité sexuelle : 2 à 3 ans.

La femelle n’est en chaleur que durant 4 à 6 heures. Au sein d’une troupe, les femelles sont en oestrus à tour de rôle, ce qui limite la compétition pour les mâles. La saison de reproduction s’étale donc au maximum sur 2 semaines.

C’est durant cette période que la plupart des combats ont lieu. Les femelles se disputent les meilleures places et ressources alimentaires alors que pour les mâles l’enjeu du combat est l’accès aux femelles en chaleur.

Les femelles s’accouplent avec plusieurs mâles durant cette période. Généralement le mâle dominant du groupe se reproduit avec plus de femelles que les autres.

Le saviez-vous ?
Les mâles makis catta combattent par odeurs interposées ! Ils frottent leur queue sur les glandes situées sur leur poignet et leur torse pour les recouvrir de leur odeur. Ensuite, ils placent leur queue au-dessus de leur tête et la secouent en direction de leur adversaire. L’odeur la plus prononcée gagnera la partie.

Le mâle participe rarement à l’élevage des jeunes, c’est à la femelle qu’incombe cette tâche. Elle allaite, toilette et protège son petit, qu’il s’agisse du sien ou de celui d’une autre femelle du groupe. Cependant tous les membres du groupe peuvent s’occuper des jeunes.

Le jeune reste accroché à sa mère en permanence les premières semaines, tout d’abord sur son ventre, puis sur son dos. Il commence ensuite à explorer les environs et à se nourrir d’aliments solides vers 2 mois. Il est véritablement sevré vers 5 mois.

Durant leur première année, près de 50% des jeunes meurent à cause des conditions environnementales dures, de la prédation ou de chutes. Seuls 30% atteignent l’âge adulte.

La longévité du lemur catta est d’environ 20 à 25 ans dans le milieu naturel, et de 25 à 35 ans en captivité.

Protection de l'espèce
Aucune estimation de la population globale de lémurs catta n’est actuellement disponible. Dans les secteurs de forêt galerie des densités de 140 à 350 individus par kilomètre carré ont été enregistrées, alors que dans des zones plus arides elles seraient seulement de 17 individus par kilomètre carré.
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classé l’espèce dans la catégorie «quasi menacée».
Les prédateurs du maki catta sont essentiellement les chiens domestiques, les rapaces et les fossas. Il est également encore chassé dans de nombreuses régions, ou capturé pour être apprivoisé.
Les principales causes de sa disparition sont la réduction ou la transformation de son habitat. La population humaine s’est fortement développée sur une grande partie de l’île, ce qui a provoqué une augmentation de la demande en terrains et en bois.
En effet, depuis l’arrivée de l’Homme à Madagascar, il y a environ 2 000 ans, près de 90% de la couverture forestière ont disparus en raison de l’extraction de bois précieux ou de chauffage et à cause du déboisement pour les terres agricoles, l’élevage et le pâturage. Pour survivre, l’Homme effectue des coupes illégales de bois et pratique le tavy (abattage d’arbres, suivi de brûlis en vue de cultiver le sol).
Or les lémurs catta dépendent des forêts galerie et des forêts ouvertes, comme celles de tamariniers, pour survivre à la sécheresse qui survient périodiquement dans le sud de l’île.

Le maki catta est protégé par des lois internationales et nationales. Il est présent dans de nombreuses zones protégées, dont 6 parcs nationaux, 3 réserves spéciales et une réserve privée. De plus, les places dans lesquelles on le retrouve sont pour la plupart des terres sacrées.

L’espèce est par ailleurs classée en Annexe I de la Convention de Washington sur le commerce de la faune et de la flore menacées.

Pour protéger efficacement le lémur catta et maintenir des populations viables dans le milieu naturel, il faut protéger son habitat. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à mieux le connaître en identifiant ses besoins exacts, tout en tenant compte des populations locales et de leurs besoins. Cela suppose un travail en collaboration avec les gouvernements locaux, les exploitations privées et les populations locales.

Mieux comprendre le maki catta
Bien qu’assez commune dans le sud de Madagascar et très représentée en captivité, cette espèce nécessite encore de nombreuses études de terrain afin de déterminer son statut exact, ses effectifs, ses comportements, son exploitation du milieu, ses relations avec l’Homme…
En collectant et analysant plusieurs types de données, les chercheurs peuvent appréhender l’espèce dans sa globalité (écosystème, dynamique de ses populations, génétique...) et mettre en place les programmes de conservation les plus adaptés.

Vers une coexistence bénéfique ?
De l’éducation du public dépend la préservation des écosystèmes dans lesquels le maki catta joue un rôle important. Ainsi, chaque action de conservation est associée à des campagnes de sensibilisation et d’information auprès de tous les acteurs potentiels : villageois, fermiers, politiques, étudiants…
La plupart des programmes sont axés sur les avantages que les populations locales pourraient retirer de leur implication dans la conservation de l’espèce et de son environnement : création d’emplois, amélioration des conditions de vie, préservation et développement d’une région…

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